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Vol stationnaire - Les contes d'Ennead

TitreAttrapeReves

Vol stationnaire

Colibri

« Les esprits trop complaisants ont une pente naturelle à l’inconstance. »
Simon de Bignicourt

 

Après avoir parcouru des milliers de kilomètres, après avoir rencontré un grand loup blanc dans des plaines du nord, un cousin éloigné dans la ramure d’un vieux châtaignier, Tsao est arrivé plus au sud, dans la chaleur douce et humide d’une île tropicale.

« J’ai décidé de m’y arrêter quelque temps, pour me remettre de ces longues semaines de voyage, mais aussi pour en découvrir les richesses. Sur cette île, j’ai rencontré Max. Il est vite devenu un ami. Il m’a fait rire dès notre première rencontre, rien qu’avec son prénom ; Max, pour un colibri, vous vous rendez compte ? Pour le plus petit des oiseaux du monde connu, qu’est-ce que j’ai ri en entendant ça ! Et Max sait en rire, plein d’humour, toujours à régaler la galerie de sa vivacité d’esprit et de ses pitreries.

Il fait partie de ces individus qui t’enchantent, avec lesquels tout paraît simple et joyeux. Jamais de problème avec lui. Il a une capacité à te faire voir les choses sous un angle particulier, qui embellit les situations les plus laides, et éclaire les circonstances les plus sombres. « T’inquiète » répète-t-il à longueur de temps, « t’inquiète, je gère … ».

Il est comme ça Max, toujours en mouvement, à butiner à droite et à gauche. Et oui, il est libre Max … »

« À quoi ça sert de s’inquiéter – dit Max – Que tu sois inquiet ou pas, ça change quoi à ton problème ? Un mauvais moment est toujours plus facile à vivre avec le sourire, qu’en faisant la gueule, non ? Alors cool man, prends la vie du bon côté … C’est pas la Jamaïque ici, mais tu as quand même le pouvoir de te créer une vie heureuse. Souffrir n’a jamais été utile à personne. Tiens, pas plus tard que l’année dernière, tout le monde s’affolait de voir aussi peu de tortues venir pondre sur notre plage. C’est pas normal, disaient les uns, c’est un mauvais présage disaient les autres ! Il va arriver un truc grave, c’est certain pensait tout le monde.

C’est vrai qu’il y en avait moins que d’habitude, beaucoup moins, quelques centaines tout au plus, au lieu des milliers habituels. Réchauffement climatique ? Sur-chasse ou sur-mortalité ? personne ne savait, et tout le monde y allait de son commentaire, de ses doutes et de ses appréhensions quant au devenir de notre île. Pendant trois semaines, je répétais à qui voulait l’entendre de ne pas s’inquiéter, qu’il y avait forcément une explication beaucoup moins dramatique que les scenarii que tous imaginaient. Personne ne m’a écouté. Alors, j’ai laissé parler et ai continué mon petit bonhomme de chemin. Je tentais de distraire les plus jeunes, tout affolés qu’ils étaient de voir leurs aînés stressés, presque effrayés pour certains. Je leur organisais des chasses aux trésors. J’ai toujours adoré ça quand j’étais môme. Qu’est-ce qu’on s’est amusé ! Moi à les organiser, et eux à chercher frénétiquement les indices, les uns après les autres, tentant de découvrir la solution des énigmes pour arriver les premiers au trésor. Et une fois découvert, on le partageait tous ensemble, et je sortais ma guitare pour les faire tous chanter.

Bon, je dois avouer que je ne joue pas très bien encore, et que ma voix n’est pas des plus mélodieuses. Ça tient au fait que j’ai commencé à apprendre la musique sur le tard, et, que nous, les oiseaux mouche comme on nous appelle parfois, n’avons pas le talent du rossignol ou du merle chanteur. Bon, en même temps, c’est pas dramatique, les petits chantaient à s’égosiller, riaient ensemble et on passait vraiment de belles soirées, loin des peurs et de la paranoïa ambiante, même si, de semaine en semaine, les tortues ne montraient toujours pas le bout de leurs écailles.

Les enfants ont même voulu monter un groupe de musique. Ô que j’étais heureux. Je les ai aidés à trouver des instruments, à leur transmettre le peu de savoirs musicaux en ma possession, et passais des soirées à jouer avec eux. Quelle cacophonie au début !! Mais c’était vraiment drôle. Ils ont vite progressé, voulaient jouer de plus en plus souvent. Alors, je les ai laissé faire et suis retourné à mes affaires. Pour ma part, je ne souhaitais pas aller plus loin dans le groupe. Ils s’amusaient bien entre eux, et c’était bien là le principal.

Les petits m’en ont voulu de les avoir laissé tomber comme ça, d’un coup. Mais j’avais d’autres projets, l’agrandissement de mon nid, l’exploration d’une partie de la forêt que je ne connaissais pas, et deux trois autres trucs intéressants et amusants. Alors je ne pouvais pas rester engagé dans cette aventure, qui n’était pas la mienne d’ailleurs, et qui finissait par m’ennuyer un peu. Et puis, ils ont appris à se débrouiller seuls, entre eux, et ça, c’est pas plus mal. Ils me remercieront certainement un jour d’ailleurs. En attendant, faut que je vous laisse, j’ai à faire. Au plaisir … ». Max s’envola et disparut dans les frondaisons de l’orée de la forêt, laissant Tsao dans ses pensées :

« Et les tortues ne sont toujours pas arrivées. Mais bon, rien ne sert de s’inquiéter dirait Max. Depuis que je suis sur l’île, je vois bien qu’elles représentent énormément pour les habitants. Au-delà de la manne touristique, elles sont presque des divinités à leurs yeux. Elles vivent des dizaines et des dizaines d’années, des centaines pour certaines. Elles reviennent toujours donner la vie là où elles l’ont reçue. Mais uniquement après avoir vécu des dizaines d’années sans y revenir, et avoir traversé mers et océans. C’est magique non, et très mystérieux. Il y a vraiment de quoi y voir plus grand que soi. Et quand on regarde une tortue arriver sur la plage, elle se traîne laborieusement, passe la moitié de la nuit à creuser un trou, assez profond mais pas trop, y pond, puis rebouche le trou avec autant de labeur et de difficulté. Il y a vraiment quelque chose de profond, de magique à regarder ce miracle de la nature. Mais Max, lui, ne peut regarder dans cette profondeur, tout occupé qu’il est à chercher un ailleurs, à passer d’une activité à l’autre, comme s’il courrait après quelque chose.

Je l’aime bien moi, Max. Quand je me retrouve avec lui, je suis certain de passer un moment délicieux, fait de joies et de musique, un moment enchanteur, qui nettoie les mauvaises pensées et les énergies trop basses. À visiter l’île et rencontrer ses habitants, comme j’aime le faire, j’ai remarqué que je ne suis pas le seul à profiter de son optimisme contagieux. Pas mal d’habitants viennent le voir pour faire la fête, l’écouter chanter, le temps d’une soirée, avec sa guitare, l’entendre raconter ses blagues et ses aventures. Contagieux, c’est le mot que tous donnent à l’évocation de l’optimisme de Max. Et tous s’amusent de sa gourmandise légendaire, toujours à butiner les fleurs innombrables de l’île, y trouvant des saveurs et des fragrances que seul lui peut raconter et déclamer aussi joliment.

Ils disent aussi de lui qu’il est un peu rebelle dès qu’une décision commune est prise, et est un peu contraignante pour tous. Ils le voient, dans ces moments-là, partir avec un sourire au bec, et disparaître pendant des jours, jusqu’à ce que la décision n’ait plus lieu d’être. Rebelle, il l’est, c’est indéniable et indiscipliné aussi. C’est vrai que par définition, la discipline est légèrement contraignante, voir souffrante ! Et ça, Max, il aime pas. »

Cela fait plusieurs semaines maintenant que Tsao n’a pas vu Max. Ce soir, la pleine lune éclaire le rivage comme en plein jour, et Tsao entend une effervescence monter d’un peu partout. Comme des murmures dans un premier temps, puis ces murmures se transforment en bruits, puis en clameur. « Elles arrivent, elles arrivent » peut-il entendre. Tsao prend son envol et plane jusqu’à la mer. Sur la plage et dans les vagues, il les voit arriver dans un ballet désordonné. En quelques dizaines de minutes, il ne peut plus voir la couleur du sable, tellement il y a de tortues. Tout le monde arrive pour contempler ce spectacle, avec de grands oufs de soulagement. Tsao se pose avec élégance et sans un bruit sur une branche basse d’un arbre en bord de plage, pour participer à la joie ambiante.

« Tu vois ? Je te l’avais dit. Pas besoin de s’inquiéter ! » … Tsao se retourne, et son regard rencontre le sourire de Max, posé lui aussi sur une branche du même arbre, se délectant du spectacle féerique de ce ballet irréel.

« Ah, te voilà de retour Max ! Je suis heureux de te voir … ».

« Moi aussi Tsao je suis heureux d’être là et de voir que tu n’es pas reparti. Ces dernières semaines ont été denses pour moi. J’ai parcouru des endroits de l’île dont je n’aurai pu soupçonner la beauté fabuleuse. Tu aurais vu ça, Tsao, des fleurs magnifiques à m’en faire perdre la tête, assez grande pour que j’y entre tout entier. Des couleurs flamboyantes, d’or et d’argent, de pourpre et d’azur, venant orner les riches nuances de vert des feuillages, et égayer les marrons des tiges et des troncs des arbres. Tu aurais senti les odeurs magnifiques, à t’en faire pleurer, touches de vanille par ici, de bergamotes par là, tantôt épicées, tantôt douces comme le duvet des tout petits. Tous mes sens se sont mélangés, je regardais les parfums, goûtais les couleurs, et sentais les nectars. C’était incroyable, et te le raconter comme je le fais est d’une fadeur absolue. Je t’y emmènerai si tu veux. Ces explorations m’ont bien pris plusieurs jours. Au bout d’un moment, je suis rentré chez moi, un peu fatigué je dois dire, rejoindre ma compagne. Je lui ai raconté mon périple tout en agrandissant notre nid. Nous irons peut-être nous installer là-bas tous les deux, un de ces quatre. Puis, des amis sont venus passer quelques jours, nous avons mangé et chanté, nous nous sommes raconté nos souvenirs d’enfance. Le lendemain de leur départ, je suis parti voir mes petits amis et leur groupe de musique. Qu’est-ce qu’ils se débrouillent bien maintenant, c’est un plaisir de chanter avec eux. J’ai bricolé à droite à gauche, je voulais finir mes différents chantiers, quand j’ai entendu les clameurs monter. Alors, je verrai ça plus tard. Pour le moment, c’est ici qu’il faut être, toujours au plus proche de la fête, tu ne crois pas ? ».

Même Tsao, qui parcoure le monde depuis plusieurs années maintenant, est stupéfait du rythme de vie de Max. Toujours à faire quelque chose, à se lancer dans de nouveaux projets, dès que le rythme baisse un peu. Jamais un moment de tranquillité, de silence, de repos, comme si l’ennui était son pire ennemi, comme si s’arrêter le mettait face à ses peurs, ou à ses souffrances peut-être. D’ailleurs, c’est un peu ça, de la fuite. Dès qu’une situation devient pesante, Max se détourne vers d’autres activités, toujours avec une bonne raison, et des explications rationnelles toutes meilleures les unes que les autres. Ça fait partie de son charme, et c’est vrai que Max a un avis sur tout.

En pleine cogitation, Tsao se retourne vers son ami. Il le voit observer les tortues avec un je ne sais quoi dans le regard jamais vu auparavant.

« Tu parais absorbé et ému par ce que tu vois mon ami !? » lui dit Tsao avec douceur.

« Oui, je suis heureux de voir le retour des tortues. Tu sais qu’elles sont importantes pour nous ? C’est une tradition, qui nous vient du fond des âges, de venir assister, presque en prière, à leurs pondaisons. Elles ont un lien avec le divin pour les îliens que nous sommes. Elles sont ses messagers. J’aime les voir arriver, car c’est une grande fête pour nous. Elles viennent chaque année au même mois de la même saison nous dire que nous ne sommes pas seuls. Une fois reparties, nous faisons un grand rassemblement pour célébrer l’événement. »

« J’ai l’impression que c’est un peu plus, pour toi, que ce que tu me racontes … ! »

« Peu importe, elles sont là, et c’est le principal ! »

« Qu’est-ce qui te touche à ce point, ce soir. Je ressens que c’est plus profond que tu ne veux bien le montrer. Je suis ton ami, et je me préoccupe de toi. C’est pour cela que je te pose cette question. Si tu ne veux pas partager avec moi ce que tu ressens, dis-le-moi, et ce sera Ok pour moi … »

Tsao sent bien que ses questions mettent Max au bord de quelque chose qu’il ne comprend peut-être pas lui-même. Mais pour lui, un ami, un vrai, n’est pas là uniquement pour flatter ou aller dans le sens de l’autre, quelles que soient les circonstances. Alors, au risque de brusquer un peu son ami, il ose.

Après quelques minutes de silence, qui parurent au hibou une éternité, le son de la voix de Max se fit entendre, plus fébrile, presque rêveuse et lointaine.

« Tu as raison, Tsao, j’ai le cœur bizarre à chaque fois que je regarde nos tortues débarquer sur notre plage. Je ne sais pas bien pourquoi. J’ai toujours échafaudé des explications logiques, parfois un peu tordues, pour répondre aux questions que je me pose. Peut-être même pour m’échapper de cette sensation bizarre que je ressens là, maintenant. C’est pas confortable, et j’ai toujours évité ce qui n’est pas confortable. Tu sais, j’ai perdu mon père très jeune, il était grand et fort je me souviens. Ma vie était belle, heureuse chaque jour, ma mère me protégeait, peut être un peu trop, mais tu connais les mères ! La disparition de mon père a eu lieu à cette même période de l’année, lorsque les tortues repartent au large, une fois leur ponte terminée. Je ne m’en souviens que très peu, ce sont mes proches qui me l’ont raconté, avec plus de détails que mes souvenirs peuvent m’en offrir. Il paraît que je disais à tout le monde que mon père était parti avec les tortues, et qu’il reviendrait un jour à la même saison. J’y ai cru longtemps, tu sais … Une façon, peut être, d’enchanter cette épreuve, pour ne pas en ressentir la souffrance. C’est une belle histoire, et à te la raconter maintenant, c’est peut être cela qui me fait bizarre : il n’est jamais revenu. Peut-être y crois-je encore, quelque part ? En tout cas, tout le monde dit que ça m’a forgé le caractère … peut-être que oui, peut-être que non. En même temps, rien ne sert de se lamenter, non ? Ça ne le fera certainement pas revenir ! »

Tsao ressent très clairement l’émotion de Max à évoquer la perte de son père. Mais cette émotion lui paraît être loin, à des milliards d’années lumières.

« Tu as raison Max, tes lamentations ne le feront pas revenir, et c’est une belle histoire que tu t’es inventée à cette époque. Mais quand je t’écoute, j’ai l’impression, du coup, que tu n’as jamais pleuré ton père ? »

« Personne ne m’a raconté que j’ai été triste. Tu sais, mon père aimait que les choses se passent bien, il mettait toujours de l’énergie pour rendre les autres heureux, ceux de sa famille en particulier. La vie était belle à ses côtés, joyeuse et facile. Je tiens peut être cela de lui. J’ai sans doute hérité de son optimisme. Et puis ma mère a tout fait pour que je ressente le moins possible le manque. Mais elle, elle était triste, j’ai le souvenir de le ressentir fréquemment. Alors j’ai pris de la distance avec elle, je partais explorer, seul, les alentours du nid, au début, puis, de plus en lus loin, et mes virées ont été de plus en plus longues. J’ai appris à aimer découvrir des goûts inconnus, des paysages jamais vus, rencontrer des gens pour danser avec eux, chanter. Oui, peut être qu’en définitive, ils ont raison ; Ça a dû forger mon caractère ! Et c’est bien comme ça … »

« Oui, je comprends. Ton histoire me rappelle les paroles sages d’un maître Zen que j’ai bien connu. Il disait – « Tu ne peux pas éviter la douleur. La souffrance, elle, tu peux l’éviter ! » – Tu vois, la souffrance, c’est tout ce que tu te racontes quand tu ressens une douleur, tout ce que ton esprit peut rajouter à la douleur, comme un petit vélo qui pédale dans ta tête, et finit par transformer la douleur en souffrance. C’est important de ne pas confondre les deux. Tu es passé maître dans l’évitement de la souffrance, mais ça te fait fuir ta douleur. Peut-être pourrais-tu accepter et mieux accueillir les douleurs que tu ressens ? Elles te permettraient de reconnaître tes besoins, tes vulnérabilités, et au final, de te connaître mieux ».

« Ah les sagesses orientales ! Je vais y réfléchir. Pour l’instant, je vais trouver mes petits musiciens pour organiser un concert pour la fête de cette nuit. Ça, c’est important. À tout à l’heure mon ami … »

Max s’envola sans même attendre la réponse de Tsao. Ils se croisèrent plusieurs fois à cette belle fête des tortues. Tous les habitants de la petite île dansèrent, mangèrent, rirent durant trois jours et trois nuits. C’est quelque temps plus tard que Tsao décida de reprendre sa route vers le sud, le Chili et la Patagonie, promettant à tous qu’il repasserait par ici à son retour. Ce périple lui prit presque deux années entières. Il revint, comme promis, juste avant que les tortues n’envahissent la plage et le cœur des habitants.

« Tsao, te voilà de retour !! Ton voyage s’est bien passé ? Je t’ai vu arriver de loin. Les hiboux, c’est pas courant ici. »

« Hé, bonjour Max, toujours aussi dynamique je vois. Tu n’as pas changé ! »

« Oh, pas changé, pas changé, je n’y crois pas beaucoup. Mais je te remercie quand même. »

Tous les deux, confortablement perchés sur une grosse branche, se regardèrent un moment, profitant l’un l’autre de la présence de son ami, sans avoir besoin de parler, d’échanger, ressentant simplement le plaisir de la compagnie de l’autre. Max avait l’air calme, et profitait de ce moment, un large sourire au bec. Tsao finit par être intrigué par le silence de Max, par sa posture calme et sereine.

« Tout va bien Max ? »

« Parfaitement bien Tsao. »

« Je pars deux petites années, laissant un Max survolté, toujours à voler par monts et par vaux, incapable de rester ni en place, ni dans le silence plus de trente secondes, et quand je reviens, ce même Max reste Zen et silencieux près de cinq minutes devant moi ! Je suis impressionné, presque inquiet, et surtout curieux. Que t’est-il arrivé mon ami ? »

« Je te le dis depuis que l’on se connaît, t’inquiète pas, tout va bien. Je suis heureux, toujours aussi optimiste, et amoureux de la vie et de ses plaisirs. Ce qui s’est passé depuis ton départ ? Juste avant de prendre ton envol vers le sud, tu as semé une graine dans mon jardin intérieur. Et cette graine a fini par germer, presque malgré moi. Tu te souviens ? Ton histoire de douleur et de souffrance … »

« Oui, je me souviens très bien »

« L’idée a dû faire son chemin toute seule, sans qu’elle ne soit présente à mon esprit. Mais, petit à petit, j’ai pris conscience de ma frénésie, toujours besoin de bouger, de trouver des explications rationnelles à tout et n’importe quoi, de chercher toujours des choses compliquées. Malgré moi, j’ai commencé à prendre le temps de regarder sans faire, de me poser quelque part, et de ne rien vouloir en particulier. Au début, ça ne durait pas longtemps. Ça devenait vite inconfortable, sans que je n’identifie pourquoi. Et puis, je me suis souvenu des paroles de ton vieux chinois. La douleur ne peut pas être évitée, et elle peut te guider vers la connaissance de Soi. Alors, malgré l’inconfort, j’ai commencé à m’obliger à rester un peu plus longtemps dans ces moments d’inaction, de pause. Comme je ne peux éviter la douleur, j’ai fait avec, j’ai appris à accepter ce qui est. Et en prenant ces temps, de plus en plus longs, j’ai commencé à rencontrer mon monde intérieur. Quels voyages !! mes longues expéditions en forêts ne sont pas grand-chose à côté !

 

Alors merci mon ami de savoir semer des graines comme tu le fais. Je suis heureux, optimiste et fier de l’être, mais je ne cours plus après mes chimères, et je prends le temps de profiter des choses simples … Et ça, c’est un régal de tous les jours. »

 

Description de l'énnéatype

Commentaires  

# Fleury-Bouton 19-08-2021 11:19
Courir tout le temps oui c'est un peu moi sauf quand je suis paralysée par l'angoisse.

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